La pression des médias sur les athlètes

Dans le monde du sport, il y a un mot que les journalistes adorent utiliser et que les athlètes détestent entendre : pression. L’impression subsiste que les athlètes subissent une forte pression de performer que ce soit face aux attentes des fans, des médias, de la communauté sportive ou simplement en regard à leurs propres attentes. Cela est-il vrai et si oui, quels sont les meilleurs exemples?

Trac, peur et anxiété

Selon une étude effectuée par Sophie Caristan-Llamas, relaxologue certifiée, la pression que ressentent les athlètes est bel et bien réelle : «Le trac, la peur, l’anxiété…le sportif ou plus généralement le compétiteur, connaît l’émotion sous toutes ses formes. Peur de perdre, peur de l’échec, peur de se blesser, peur d’être ridicule devant des spectateurs ou des juges, peur de l’adversaire, peur liée au danger physique réel dans certaines disciplines…» Bref, l’athlète a l’embarras du choix sur l’origine de son stress. La pression n’est pas une invention des médias mais ceux-ci peuvent définitivement en être responsables.

Dans le sport professionnel, les exemples regorgent d’athlètes ou d’équipes qui ont subi de la pression provenant des médias. En voici quelques-uns.

Andy Murray, le souffre-douleur

Au tennis, l’Écossais Andy Murray, ainsi que l’Anglais Tim Henman avant lui, ressent une pression continuelle des médias britanniques en raison des échecs répétitifs des tennismen anglais durant les 70 dernières années qui n’ont rien gagné depuis le grand Fred Perry en 1936. Pour la presse britannique, Andy Murray est un véritable souffre-douleur sur lequel on blâme les insuccès des sportifs anglais. On le rabaisse à chaque rencontre perdue, on le croit fini alors qu’il n’a que 25 ans, on le ridiculise sur son caractère même quand il gagne. Personne ne méprendra jamais le tennisman écossais avec un gentleman, car il n’est pas le plus loquace ni le plus amical, mais mérite-t-il vraiment d’être humilié à chacune de ses présences face aux médias? Depuis 2013, Andy Murray est le 2e meilleur joueur de tennis au monde. Ce n’est quand même pas rien! Malgré cela, on continue de douter de ses capacités à faire fi de l’adversité. Pourtant, il a remporté un tournoi majeur en 2012, mettant finalement terme à la disette anglaise. On l’a acclamé pendant deux ou trois semaines et dès qu’il a perdu son prochain match, on s’est remis à le questionner, à le rabaisser. On se rend donc compte que les médias se fichent plus ou moins des succès ou insuccès de Murray et l’ont transformé en une sorte de bête de cirque que l’on utilise à profusion pour gagner du lectorat.

Les Blue Jays, perdants sur toute la ligne

Au baseball, nous n’avons pas à regarder plus loin que cette année pour avoir une preuve de la pression des médias sur une équipe. Les Blue Jays de Toronto, qui n’ont pas atteint les séries éliminatoires de la MLB depuis 1993, ont délié les cordons de la bourse cet hiver en allant chercher plusieurs étoiles de la ligue par voie de transaction ou des joueurs autonomes. La masse salariale de l’équipe a plus que doublée et les Jays sont devenus, du jour au lendemain, les favoris pour remporter la Série mondiale. À la suite de ces développements, l’équipe torontoise a vu débarquer dans sa ville une meute de journalistes venant les suivre à la trace. On oublie les entraînements tranquilles et les séances de gym, les joueurs étaient bien trop occupés à répondre aux questions des médias. Peut-on vraiment les blâmer? L’engouement était tellement élevé que c’était presque comme si on leur donnait déjà la Série Mondiale! Il est donc normal que les joueurs se soient laissés embarqués dans le jeu et pris les choses à la légère. En date du 6 mai, les Blue Jays avaient une fiche de 12-21, troisième pire fiche de la ligue américaine et bien loin d’une place en séries éliminatoires. Cette histoire est l’exemple typique de la pression que peuvent avoir les médias sur une équipe qui est sensée gagner et qui contre-performe. Soudainement dépeints comme des imposteurs, ces athlètes, qui étaient pourtant adulés quelques jours auparavant, se voient traiter de surévalués, de fainéants, etc. Et même si les Jays arrivaient à se replacer, ils seront toujours perdants car on doutera toujours d’eux.

La saga Scott Gomez

Au hockey, la saga Scott Gomez est probablement la représentation la plus juste de la pression que peut avoir les médias sur un joueur. Avant de se joindre au cirque qu’est le Canadien de Montréal, Gomez était l’un des meilleurs fabricants de jeu de la LNH et amassait près de 60 points à chaque année, sinon plus. Après une première saison décente (59 points), Gomez devint un poids pour le Canadien en ne marquant que 7 buts et 38 points la saison suivante et un affreux rendement de 2 buts et 11 points l’an dernier. Affublé de tous les noms par les médias montréalais, Scott Gomez devint une mauvaise blague. Aux nouvelles et en ligne, on se moquait ouvertement du joueur de centre du Canadien. Sur internet, les paris abondaient quant à savoir quand Gomez marquerait son prochain but. Bref, l’attaquant du Canadien avait littéralement une cible sur le dos et cela affectait clairement son jeu sur la patinoire. Pourtant, quand on pousse la réflexion plus loin, on se rend compte que Gomez était probablement le joueur le plus apprécié de ses coéquipiers, qu’il était toujours de bonne humeur et qu’il travaillait toujours fort lors des entraînements. Est-ce vraiment juste de s’acharner sur le cas d’un joueur qui, somme toute, tentait bien de s’en sortir et était rempli de bonnes intentions? On eut la réponse à cette question lorsque le directeur-général du Canadien Marc Bergevin décida de libérer le joueur de centre qui signa immédiatement un contrat avec les Sharks de San Jose et eut tout de suite un impact positif sur l’équipe. On peut donc conclure que la pression médiatique montréalaise aura eu raison de lui et qu’un changement d’air était tout ce qui lui fallait pour retrouver sa confiance.

À travers ces trois exemples parmi tant d’autres, on s’aperçoit de la portée des médias sur les athlètes. Pas facile, le monde du sport!

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