Les femmes dans le monde du journalisme sportif

Bien qu’on ne puisse pas dire que l’égalité entre hommes et femmes soit atteinte, on peut affirmer que, dans la sphère du travail, les femmes ont accès à de plus en plus de postes. Par contre, il demeure certains domaines où les femmes sont effacées comme les médias sportifs où le rôle des femmes est en pleine transition.

Il est évident que, pendant longtemps, la couverture médiatique sportive était l’affaire des hommes. Le public cible sont des hommes, les analystes sont des hommes, il est donc logique que les journalistes sportifs soient des hommes. Pendant longtemps, il n’y eut aucune objection. Les hommes au sport, les femmes aux arts ou à la météo. Bien entendu, ce phénomène sexiste a fini par faire surface et il y eut une pression accrue afin que les femmes puissent avoir accès aux postes de journalistes sportifs.

Faible représentation féminine au Québec

Au Québec, une des pionnières est Chantale Machabée. Après avoir graduée de l’Université de Montréal, elle est devenue reporter pour le réseau NTR avant de couvrir les Nordiques de Québéc pour TVA. En 1989, elle devient la première femme à animer un bulletin sportif lors de la diffusion de l’émission Sports 30 au Réseau des Sports. S’ensuit vingt années consécutives en tant que chef d’antenne aux nouvelles puis, un retour sur le terrain en 2013 avec la couverture du Canadien de Montréal.  Malheureusement, on trouve peu d’histoires similaires à celle de Machabée. Au Réseau des Sports, seule Claudine Douville, qui couvre le soccer et le patinage artistique, possède un bagage journalistique avec son baccalauréat en journalisme. Hélène Pelletier couvre le tennis pour RDS mais elle a été engagée car elle était une athlète dans le domaine et non pas pour ses études. Au total, on compte probablement une douzaine de femmes ayant percées dans le journalisme sportif au Québec, un nombre qui semble encore beaucoup trop bas.

On peut noter le retard du Québec en faisant simplement une comparaison avec nos cousins de l’Ontario. Seulement sur le réseau TSN, on compte déjà une douzaine de femmes journalistes dont quatre chefs d’antenne (Jennifer Hedger, Kate Beirness, Natasha Staniszewski et Leah Hextall). De plus, le nombre grandit à chaque année puisque TSN est passé de deux reporters féminins en 2007 à cinq en 2010 et maintenant dix en 2013. Sur le réseau américain ESPN (Entertainment and Sports Programming Network), la quantité de femmes journalistes augmente également à un rythme similaire.

Sexisme dissimulé?

Il y a cependant une distinction importante à faire. La grande majorité des femmes ayant percées dans le monde du journalisme sportif l’ont fait dans la sphère de la télévision. En effet, on retrouve très peu de femmes qui travaillent au sport dans les journaux. Peut-on voir dans cette situation une sorte de sexisme dissimulé? Peut-on avancer que les femmes qui percent dans le monde sportif télévisuel ont réussi non seulement car elles savent de quoi elles parlent mais surtout parce qu’elles sont plaisantes à regarder pendant qu’elles parlent?

Effectivement, il est difficile de trouver une journaliste qui travaille pour le sport à la télévision qui n’est pas attirante physiquement. On peut même avancer que certaines d’entre elles se sont fait un nom grâce à leur physique et non par leur talent. On pense particulièrement à Michelle Beadle et Erin Andrews du réseau ESPN et Marisol Gonzalez de Televisa Deportes. L’histoire de Gonzalez est bien connue. Elle était pratiquement inconnue du public avant d’être affectée à la couverture du Super Bowl en 2012. Elle est arrivée à l’événement vêtue d’une robe rouge avec un décolleté plongeant et des bottes de cowboy, attirant inévitablement l’attention sur elle. Elle est immédiatement devenue une célébrité. Bref, son succès n’a pratiquement rien à voir avec ses qualités de journaliste, qu’elle ne possède pas vraiment d’ailleurs, mais plutôt avec son physique aguichant.

Évolution positive?

Donc, en récapitulant tout ceci, peut-on affirmer que la place des femmes dans les médias à contribuer à une évolution positive de leur image dans la société? Le résultat est probablement mitigé.  Certains affirment que les femmes prennent de plus en plus d’importance dans le monde du sport, monde qui était exclusivement masculin il y a à peine 30 ans, et que cela peint une image d’une femme plus forte, plus importante. Toutefois, d’autres pensent que la percée de la femme dans le milieu journalistique sportif est trop souvent dû à leur physique qui, à lui seul, attire un audimat important. Puisqu’on retrouve encore très peu de femmes dans la presse écrite sportive, on se doit d’être d’accord avec cette dernière affirmation.

Bref, on est en droit de croire que les médias sportifs n’ont pas encore tout à fait accepté les femmes à part entière. Il  subsiste encore trop de situations où la femme est utilisée simplement pour son corps et non pour ses talents de journalistes ou d’autres où, lorsqu’un emploi est en jeu, on engagera la femme la plus jolie au lieu de la plus qualifiée. En fait, la lutte des femmes dans les médias sportifs ne sera terminée que lorsque les femmes seront embauchées seulement selon leurs compétences et rien d’autre.

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